s'en degage doit nous instruire. Il nous montre assez a quelle distance ce que l'on appelle le progres social se situe par rapport a quoi que ce soit qui serait fait dans la perspective, je ne dis pas d'ouvrir toutes les ecluses, mais simplement de penser un ordre collectif quelconque en fonction de la satisfaction des desirs. Il s'agit pour l'instant de savoir si nous pouvons y voir plus clair que d'autres. Nous ne sommes pas les premiers a nous etre avances sur ce chemin. Pour ma part, j'ai dans mon auditoire une audience marxiste, et je pense que ceux qui la composent peuvent ici evoquer le rapport intime, profond, tisse dans toutes les lignes, qu'il y a entre ce que je suis en train d'avancer ici et les discussions primordiales de Marx concernant les rapports de l'homme avec l'objet de sa production. Pour aller vite et frapper fort, cela nous ramene a ce point ou je vous ai laisses a un detour de mon avant-derniere conference, a saint Martin coupant en deux de son glaive le large morceau d'etoffe dans lequel il etait enveloppe pour son voyage de Cavalla. Prenons-le bien la ou il est, au niveau des biens, et posons-nous la question de ce que c'est que ce morceau d'etoffe. Le morceau d'etoffe, en tant qu'avec, on peut faire un vetement, est une valeur d'usage, sur quoi d'autres avant nous se sont deja arretes. Vous auriez tort de croire que le rapport de l'homme avec l'objet de sa production, dans son ressort primordial, soit completement elucide, et meme dans Marx qui a pousse a cet endroit les choses assez loin. Je ne vais pas faire ici la critique des structures economiques. Il m'en est revenu tout de meme une bien bonne, de ces choses que j'aime parce qu'elles ont leur sens dans une dimension que l'on touche souvent du doigt, et qui est toujours plus ou moins mystifiee -j'aurais, parait-il, fait allusion a mon dernier seminaire a tel chapitre du dernier livre de Sartre, Critique de la raison dialectique. J'aime beaucoup cela, car je vais y faire allusion tout de suite, a ceci pres que ce point concerne les trente pages que j'ai lues pour la premiere fois dimanche dernier. Je ne sais comment vous parler de l'ensemble de l'oeuvre car je n'ai lu que ces trente pages, mais elles sont, je dois le dire, assez bonnes. Elles concernent precisement les rapports primordiaux de l'homme avec l'objet de ses besoins. Il me semble que c'est dans ce registre que Sartre entend pousser les choses a leur dernier terme, et si c'est la son entreprise, s'il la realise d'une facon exhaustible, l'ouvrage aura assurement son utilite. Ce rapport fondamental, il le definit a partir de la rarete, comme ce qui fonde la condition de l'homme, comme ce qui le fait homme dans son rapport a ses besoins. Pour une pensee qui vise a une entiere 266